mardi 21 novembre 2006

Rythmus Teutonicus

Rithmus Teutonicus de piae memoriae
Hluduico rege filio hluduici aeq;



1 Einan kuning uueiz ih. Heizsit her hluduig.
2 Ther gerno gode thionot. Ih uueiz her imos lonot.
3 Kind uuarth her faterlos. Thes uuarth imo sar buoz.
4 Holoda inan truhtin. Magaczogo uuarth her sin.
5 Gab er imo dugidi. Fronisc githigini.
6 Stual hier in urankon. So bruche her es lango.
7 Thaz gideilder thanne, Sar mit karlemanne.


8 Bruoder sinemo. Thia czala uuunniono.
9 So thaz uuarth al gendiot. Koron uuolda sin god.
10 Ob her arbeidi. So iung tholon mahti.
11 Lietz her heidine man. Obar seo lidan.
12 Thiot urancono. Manon sundiono.
13 Sume sar verlorane. Uuurdun sumerkorane.
14 Haranskara tholota. Ther et misselebeta.
15 Ther ther thanne thiob uuas. Inder thanana ginas.
16 Nam sina uaston. Sidh uuarth her guot man.
17 Sum unas luginari. Sum skachari.
18 Sum fol loses. Inder gibuotza sih thes.
19 Kuning uuas eruirrit. Thaz richi al girrit.
20 Uuas erbolgan krist. Leidhor thes ingald iz.
21 Thoh erbarmedes got. Uuuisser alla thia not.
22 Hiez hluduigan. Tharot sar ritan.
23 Hluduig kuning min. Hilph minan liutin.
24 Heigun sa northman. Harto biduuungan.
25 Thanna sprah hluduig. Herro so duon ih.
26 Dot ni rette mir iz. Al thaz thu gibiudist.
27 Tho nam her godes urlub. Huob her gundfanon uf.
28 Reit her thara in urankon. Ingagan northmannon.
29 Gode thancodum. The sin beidodun.
30 Quadhun al fromin. So lango beidon uuir thin.
31 Thanne sprah luto. Hluduig ther guoto.


32 Trostet hiu gisellion. Mine notstallon.
33 Hera santa mih god. Ioh mir selbo gibod.
34 Ob hiu rat thuhti. Thaz ih hier geuuhti.
35 Mih selbon ni sparoti. Uncih hiu gineriti.
36 Nu uuillih thaz mir uolgon. Alle godes holdon.
37 Giskerit ist thiu hier uuist. So lango so uuili krist.
38 Uuili her unsa hina uarth. Thero habet her giuualt.
39 So uuer so hier in ellian. Giduot godes uuillion.
40 Quimit he gisund uz. Ih gilonon imoz.
41 Bilibit her thar inne. Sinemo kunnie.
42 Tho nam her skild indi sper. Ellianlicho reit her
43 Uolder uuar errahchon. Sina uuidarsahchon.
44 Tho ni uuas iz buro lang. Fand her thia northman.
45 Gode lob sageda. Her sihit thes her gereda.
46 Ther kuning reit kuono. Sang lioth frano.
47 Ioh alle saman sungun. Kyrrie leison.
48 Sang uuas gisungan. Uuig uuas bigunnan.
49 Bluot skein in uuangon. Spilod unther urankon.
50 Thar uaht thegeno gelih. Nichein soso hluduig.
51 Snel indi kuoni. Thaz uuas imo gekunni.
52 Suman thuruh skluog her. Suman thuruh stah her.
53 Her skancta cehanton, Sinan fianton.
54 Bitteres lides. So uue hin hio thes libes.
55 Gilobot si thiu godes kraft. Hluduig uuarth sigihaft.


56 Iah allen heiligon thanc. Sin uuart the sigikamf.
57 [U]uolar abur hluduig. Kuning uu[ig-*]salig.
58 [S]o garo so ser hio uuas. So uuar ses thurft uuas.
59 Gihalde inan truhtin. Bi sinan ergrehtin.



traduction

1 Je connais un roi, nommé le seigneur Louis
2 Qui sert Dieu volontiers, et que Dieu récompense ; je le sais.
3 Enfant, il perdit son père ; mais fut bientôt dédommagé :
4 Dieu le prit en grâce et devint son tuteur ;
5 Il lui donna de bonnes qualités, des serviteurs fidèles
6 Et un trône ici en France : qu'il en jouisse longtemps !
7 Ces biens, il les partagea, peu après, avec Carloman
8 Son frère. C'était pour eux un objet de beaucoup de joie.
9 Cela fait, Dieu voulut l'éprouver,
10 Et voir s'il soutiendrait l'adversité, dans un âge aussi tendre :
11 Il permit que les païens traversassent la mer,
12 Pour rappeler aux Francs leurs péchés.
13 Les uns furent détruits, les autres épargnés ;
14 Celui qui avait vécu méchamment était soumis à toutes sortes d'outrages ;
15 Celui qui avait volé et qui se corrigeait de ce défaut
16 S'imposa des jeûnes et devint honnête homme ;
17 Le menteur, le ravisseur
18 Le fourbe firent tous pénitence.
19 Le roi était inquiet, l'empire tout troublé ;
20 La colère de Jésus-Christ, hélas, pesait sur le pays.
21 Mais Dieu eut enfin pitié ; voyant toutes ces calamités
22 Il ordonna au roi Louis de monter à cheval.
23 "Louis, mon roi (dit-il), secourez mon peuple,
24 Si durement opprimé par les Normands."
25 Louis répond : "Je ferai, Seigneur
26 Si la mort ne m'arrête, tout ce que vous me commanderez."
27 Prenant congé de Dieu, il hissa le gonfanon,
28 Et se mit en marche, à travers le pays, contre les Normands.
29 Dieu fut loué par ceux qui l'attendaient pour être secourus ;
30 Ils dirent : "Seigneur, nous vous attendons depuis longtemps."
31 Ce bon roi Louis leur dit alors :
32 "Consolez-vous, mes compagnons, mes braves défenseurs !
33 Je viens envoyé par Dieu, qui m'a envoyé ses ordres.
34 Je réclame vos conseils pour le combat,
35 Sans m'épargner moi-même jusqu'à ce que vous soyez délivrés.
36 Je veux que ceux qui sont restés fidèles à Dieu me suivent.
37 La vie nous est donnée, aussi longtemps que Christ le permet ;
38 S'il veut notre trépas, il en est bien le maître.
39 Quiconque viendra avec ardeur exécuter les ordres de Dieu
40 Sera récompensé par moi dans sa personne s'il survit,
41 Dans sa famille s'il succombe."
42 Alors il prit son bouclier et sa lance, poussa son cheval,
43 Et brûla d'ardeur de se venger sur ses ennemis.
44 En peu de temps il trouva les Normands
45 Et rendit grâce à Dieu, voyant ce qu'il cherchait.
46 Le roi s'avança vaillamment, entonna un cantique saint,
47 Et toute l'armée chantait avec lui Kyrie eleison !
48 Le chant finissant, le combat commençant,
49 On vit le sang monter au visage des Francs et couler parmi eux.
50 Chacun fit son devoir mais personne n'égala Louis
51 En adresse et en audace. Il tenait cela de sa naissance.
52 Il renversait les uns, il perçait les autres,
53 Et versait dans ce moment à ses ennemis
54 Une boisson très amère. Malheur à jamais à leur existence !
55 Dieu soit loué, Louis fut vainqueur.
56 Gloire à tous les saints la victoire fut à lui
57 A Toi, Louis, notre Roi, chanceux dans la victoire.
58 Il est toujours là où son aide est nécéssaire.
59 Conservez-le Seigneur dans sa majesté.


Rhytme Teutonique (premier poème en langue "haut allemand")
Bibliothèque Municipale de Valancienne

Le Rithmus Teutonicus célèbre la victoire de Louis III sur les Normands à Saucourt-en-Vimeu le 3 août 881. Il a été rédigé dans l'entourage du roi, peu après la bataille et avant la mort du roi Louis III, le 5 août 882 car, dans le poème, ce dernier est présenté comme encore vivant. C’est un chant de louange dont la musique est perdue mais dont les 59 vers allitérés nous sont parvenus "clandestinement" sur les derniers feuillets d’un recueil de sermons de Grégoire de Naziance venu de l’abbaye de Saint-Amand. Le texte aurait été destiné à l’édification des hôtes “germanophones ” de l'abbaye dont l'abbé Gozlin était alors proche de l'entourage royal.

Ce texte me rappelle un peu l'Ormuinn Langii feroëien; dans sa composition et dans ses thèmes

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